Etudiante en 5e année Design, Carlota Dubois a passé un semestre au printemps 2023 à la Muthesius Kunsthochschule de Kiel, grâce à une bourse Erasmus+. Dans cette école, les nouveaux-elles sont accueilli.es avec une fleur et ne pas parler l’allemand n’est pas un obstacle !
Quelles sont tes impressions sur la ville de Kiel ?
Je trouve que Kiel est une ville comparable au Havre, car il y a un chantier naval, un port et un canal. J’ai adoré cette ville ! Il y a une ambiance détendue et très sécure, c’est une ville-village. Le mode de vie est un peu moins individualiste qu’en France, il y avait une grande curiosité des gens à mon égard. Avant de partir, j’avais une image un peu « clichée » sur la froideur allemande, or les gens sont très accueillants. Les parcs sont fabuleux, les marchés très sympas. On pouvait faire du sport à l’université et j’ai pratiqué le cycling (vélo en salle) et la danse orientale, le tout en allemand, avec uniquement des Allemandes ! Je me déplaçais avec un vélo acheté d’occasion sur place, que j’ai ensuite ramené à Nancy. Pour finir, je dirais que Kiel a une position stratégique, proche de Copenhague, de la mer Baltique (je suis allée à la plage en Ferry), de Lübeck, qui est une très jolie ville, et de Hambourg (je suis allée plusieurs fois au musée d’art de Hambourg). Justement, l’Allemagne a mis en place un forfait de train à 49€/mois, qui permet de se déplacer comme on le souhaite.
Quels cours as-tu suivis à la Muthesius Kunsthochschuhle ? Peux-tu nous parler des projets sur lesquels tu as travaillé ?
J’avais choisi comme matière principale l’illustration avec Markus Huber, qui représentait 15 crédits ECTS. J’ai réalisé́ plusieurs recherches sur les ombres du verre et du plastique à des heures très précises.
J’ai également suivi un cours de peinture expérimentale et spontanée avec une vingtaine d’étudiant.es. Il s’agissait de dessiner pendant 3 heures à partir d’un thème donné par l’enseignant, Jens Rassmus. On travaillait sur des grands formats et on utilisait exclusivement la gouache et l’acrylique. Vers la fin du semestre nous étions plus libres sur le choix des techniques et du thème. J’ai choisi comme sujet mes repas du midi et j’ai dessiné des personnages représentant mes « moods » de la journée.
J’ai travaillé la couleur avec l’enseignante Susanne Nothdurf et j’ai produit une série de 10 portraits de femmes bicolores dans lesquels j’ai confronté deux éléments très marqués par le temps. Par exemple : une jeune femme avec une coiffure des années 20 qui porte un sweat à capuche.
J’ai également suivi le cours d’Einar Turbowski, en « nouvelle illustration pour un nouveau livre ». J’ai effectué des recherches sur différentes techniques et thématiques dans le but de créer un papier peint qui reproduirait de manière répétitive le même paysage.
J’ai également appris à dessiner sur Photoshop dans un cours théorique de « digital painting » et je me suis initiée aux bases du dessin de nu.
Enfin, j’ai participé à un voyage d’études crédité à Copenhague, au Danemark, pendant 5 jours, à l’occasion du salon « 3daysofdesign ». Nous avons visité les bureaux de Vitra, rencontré Inga Sempé, Jaime Hayon, on a pu voir de A à Z le procédé de fabrication des chaises Brdr. Krüger. C’était très impressionnant de rencontrer autant de grands noms du design dans un même événement. Nous avons également visité le Musée du Design de Copenhague, le Musée d’Art Moderne Louisiana ainsi que le Musée Ordrupgaard de Copenhague. L’école a pris en charge les entrées aux musées et une partie du transport et de l’hébergement.
Quelles sont les caractéristiques de la Muthesius Kunsthochschuhle ? Qu’as-tu particulièrement apprécié sur place ?
Cette école accueille environ 700 élèves qui étudient le design (communication et design industriel), l’art, l’enseignement artistique et les stratégies spatiales (design d’intérieur, scénographie, etc). Il y a plusieurs bâtiments dont un dédié aux ateliers (céramique, bois, métal, images imprimées, typographie) qui occupent une place très importante. J’ai particulièrement aimé l’atelier céramique qui est très bien organisé et dispose de nombreux fours (j’ai essayé de m’inscrire au cours, mais il est pris d’assaut !). Il y a aussi la « Mensa », une grande cantine ou enseignant.es et étudiant.es se retrouvent le midi pour manger. Deux autres bâtiments servent d’espaces de cours, d’ateliers (espace photographie par exemple) et de bureaux individuels pour les étudiant.es. Récemment certain.es étudiant.es ont agencé des espaces de travail exclusivement pour le département Communication.
Ce que j’ai apprécié dans l’école, c’est la possibilité de suivre des cours avec des étudiant.es de différents départements, dans la mesure où chacun.e choisit ses cours sur la base du planning disponible en ligne. Dans les classes, nous étions peu nombreux, ce qui permettait d’avoir un véritable échange avec les enseignant.es. Les élèves donnaient aussi leur avis sur la production des autres et des références pour nourrir son travail. Tout dépendait des cours, mais chaque semaine, nous devions présenter notre travail, notre état d’avancement. Cet exercice m’a beaucoup aidée à me sentir à l’aise avec l’anglais.
Peux-tu nous parler de la vie étudiante, de la vie de campus ?
L’école est très vivante et organise une sorte de portes ouvertes / fête de l’école (« Einblick/Ausblick ») à la fin de l’année universitaire. Pendant un week-end, nous avons eu l’occasion d’exposer nos projets, de parler avec les autres étudiant.es. Il y avait des concerts, des foodtrucks, des ventes d’objets et dessins réalisés par les étudiant.es. Il y avait également des stands de plats typiques des pays des étudiant.es Erasmus ; de mon côté, j’ai confectionné et vendu des crêpes. C’était génial ! Tout au long du semestre, il y avait des petits évènements tels que des expositions organisées par les étudiant.es, des pauses-café partagées avec toute l’école, des braderies (« Floh Markt »), etc.
Les étudiant.es Erasmus disposaient d’une salle détente dédiée, que j’ai beaucoup fréquentée les premiers temps. Par ailleurs, l’école était ouverte jour et nuit, y compris les week-ends. J’ai perçu cette école comme une deuxième maison.
De plus, il y avait une réunion de rentrée pour chaque département, qui se tenait dans un amphithéâtre et les nouveaux-elles entrant.es (y compris les Erasmus) étaient accueilli.es avec une fleur.
As-tu rencontré des difficultés et, si oui, lesquelles ?
Au tout départ, il y a eu la barrière de la langue, mais j’ai su très rapidement m’adapter. J’ai eu la chance d’avoir des enseignant.es très bienveillant.es et un groupe d’ami.es qui m’a permis de me sentir « comme chez moi » au quotidien. Le plus gros problème a été la recherche de logement. C’était une grande source de stress car je suis arrivée mi-avril et je n’ai réussi à trouver un logement qu’à partir du mois de mai. Dans un premier temps, j’ai vécu dans un appart’hôtel et je consultais tous les jours les annonces de locations et colocations sur le site WG-Gesucht.de. Pour certains, je ne recevais aucune réponse des propriétaires ou locataires et, pour d’autres, les appartements étaient pris d’assaut quelques jours après la publication. J’ai finalement trouvé un logement sur E-Bay, à 20 minutes à pied de l’école. Je payais environ 500 euros pour une chambre chez l’habitant. Je vivais avec une femme allemande adorable, qui ne parlait pas anglais. Je suis restée dans cet appartement pendant tout le semestre. J’ai compris que ce qui marche le mieux à Kiel pour trouver un logement, c’est le bouche-à-oreille et il faut s’y prendre très à l’avance !
Ce que je retiens de cette expérience, c’est la possibilité de se faire un réseau à l’échelle européenne ; j’ai gardé de très bons contacts avec certain.es enseignant.es et étudiant.es.