Mobilité Erasmus+ à l’ERG, en Belgique | Témoignage de Chloé Mathia

Erasmus

Témoignage 20/10/23

Etudiante en 5e année Communication, Chloé MATHIA a passé un semestre au printemps 2023 à l’Ecole de Recherche Graphique à Bruxelles, grâce à une bourse Erasmus+. Elle partage avec nous dans cette interview son expérience d’une école multidisciplinaire où “l’étudiant.e apprend en faisant”.

Qu’as-tu pensé de Bruxelles ?

C’est une ville très cosmopolite, fêtarde et sécure. Ça bouge beaucoup en termes de développement culturel. Ils ont une autre manière d’utiliser les lieux abandonnés : plein d’événements se passent dans des friches industrielles. Il y a de nombreux événements musicaux centrés sur l’expérimentation sonore, beaucoup de performances, d’installations. Il y a également de nombreux festivals artistiques dans tous les domaines et très accessibles financièrement pour les étudiant.es. J’ai visité plein d’expositions et rencontré beaucoup de personnes. La programmation est super dynamique !

J’ai particulièrement aimé les librairies ; certaines possèdent des collections privées avec des livres rares ; on peut y avoir accès, équipés de gants, comme à la Saint-Martin Bookshop. J’ai aussi fréquenté L’Accroche, qui est un squat où un collectif d’artistes musiciens animent des soirées où l’on peut venir faire de l’expérimentation. Il y a des boîtes avec des DJs très connues dans le domaine de la musique alternative : Charlotte De Witte, Amelie Lens, etc.

Il y a un lien fort entre Berlin et Bruxelles. Toutes les questions environnementales et les communautés auto-gérées sont des choses en commun. J’ai adoré la mentalité.

Quels cours as-tu suivis à l’ERG ? Peux-tu nous parler des projets sur lesquels tu as travaillé ?

J’étais en 4e année de master en design et politique du multiple. Les cours que j’ai suivis étaient très théoriques. Mon orientation était la photographie et mon « stage interne » le graphisme. On construit son planning à la carte et on est mélangés toutes options confondues. Il faut juste respecter une certaine proportion de cours théoriques et de cours pratiques.

Un cours théorique ne se passe pas en amphithéâtre, chaque prof a sa manière de travailler. 

J’ai étudié la théorie de la communication, et notamment la théorie américaine sur les visual studies, avec Peggy Pierrot, une des profs avec qui je me suis bien entendue et qui m’a aidée à pousser ma recherche. Mon mémoire a pour thème « comment écrire sur l’objet photographique ? ».

Quelles sont les caractéristiques de l’ERG ? Qu’as-tu particulièrement apprécié sur place ?

L’école est installée dans un ancien garage automobile et est très différente de ce que l’on connaît à l’ENSAD Nancy en termes de fonctionnement.  

Elle est beaucoup gérée par les étudiant.es, qui organisent des workshops, des séminaires ; on peut remplacer un cours par un « ERG à table » ; c’est crédité et on fait à manger tous ensemble . Pour la JPO, les étudiant.es organisent l’accrochage eux-mêmes dans toute l’école. On voit assez peu les membres de l’administration.

L’ERG est très « roots », inspirée des « parallel schools » des années 90. Le fonctionnement est proche des écoles d’art de Berlin. Elle est multidisplinaire, transdisciplianire, il faut toujours revoir les manières de faire. J’ai eu un temps d’adaptation assez long mais, une fois que j’ai compris le mode de fonctionnement, ça m’a plu. Les productions qui sortent de l’ERG sont très expérimentales, très réfléchies et poussées.

A l’ENSAD Nancy tout nous est donné facilement ; à l’ERG on doit tout faire soi-même : apprendre à demander des devis, à aller chercher du matériel. Ça m’a préparée à la sortie de l’école, ça m’a appris à revoir l’économie de mes propres projets dans ma dernière année de Master : comment je produis en tant que jeune artiste étudiante qui n’a pas trop d’argent. Je me sens plus préparée à présent à gérer les choses, à commander du papier, à acheter mon propre matériel. Tout est « fait à la main », ça n’empêche pas de produire des choses qualitatives, mais c’est expérimental. 

Pour les jurys de fin d’année, il n’y a pas de budget dédié, les étudiant.es de ma promo ont fait une installation avec des chaises pour avoir des supports sur lesquels poser leurs éditions.

Avec le recul, je me rends compte que cette expérience m’a rendue plus mature. Je conseillerais d’y aller en licence plutôt qu’en master, car on y est plus dans une recherche plastique et de l’expérimentation. En master on est plus sur de la théorie.