Alexandra Karelina : J’ai débuté ma carrière artistique comme photographe il y a 15 ans mais, depuis 2015, je suis artiste vidéaste et je réalise des documentaires et des films. J’ai également commencé à faire du cinéma argentique en 2018.
J’ai par ailleurs enseigné à l’École du Nouveau Cinéma de Moscou et j’ai donné des master classes sur le cinéma argentique, tout en gagnant ma vie comme monteuse.

Ivan Yakushev : Je travaille principalement sur le graphisme numérique depuis 2009. J’ai un intérêt particulier pour l’interaction entre forme et message et j’explore de nouveaux territoires grâce aux progrès technologiques. A l’heure actuelle, je m’intéresse à la sculpture en réalité virtuelle, au graphisme algorithmique et à la création générative ; j’en profite pour me mettre à niveau en mathématiques afin de nourrir mon travail.
Au cours des huit dernières années, j’ai eu le privilège d’enseigner la communication à la HSE Art & Design School de Moscou. Cela a été une expérience très enrichissante d’accompagner des étudiant.es dans leurs explorations créatives, qui plus est lorsqu’ils-elles abordent des sujets de société complexes par le prisme du langage graphique expérimental.
J’ai par ailleurs toujours été passionné par le son, qui est une part indissociable de ma pratique professionnelle. Que je compose la musique de films expérimentaux ou que je participe à des événements sonores en direct, j’aime explorer les possibilités offertes par le son en tant que moyen d’expression artistique.

Qu’allez-vous enseigner à l’ENSAD Nancy ?

A.K. : Mon but n’est pas juste de transmettre un savoir académique, mais de partager avec les étudiant.es mon expérience personnelle du cinéma non-conventionnel. Et notamment ce que j’aime le plus dans le cinéma : la façon dont le langage cinématographique réussit à saisir ces petites nuances que les mots ne peuvent pas exprimer.
Dans un premier temps, j’ai l’intention d’animer un atelier où les étudiant.es pourront visionner et commenter des films d’avant-garde. Et à la prochaine rentrée, je souhaite les initier à la réalisation de films non-narratifs, en essayant différentes approches et méthodes, telles que la réalisation d’un film à partir d’images trouvées (« found footage film ») ou l’utilisation d’un livre de collages dans le développement du scénario. J’espère aussi avoir l’opportunité d’utiliser la pellicule avec les étudiant.es, afin qu’ils-elles puissent éprouver sa magie.

I.Y. : J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec les étudiant.es et c’est une réelle chance de pouvoir collaborer avec les talentueux élèves de l’ENSAD Nancy. Je prévois de donner un cours sur le codage créatif dans lequel les étudiant.es apprendront à utiliser le logiciel Processing pour créer des visuels étonnants avec du code et des données. En plus de cela, j’adorerais animer de courts workshops sur la manière de combiner création générative et méthodes graphiques traditionnelles.

Quel est votre projet artistique pendant votre résidence ?

A.K. : J’ai l’intention d’écrire le script de mon premier long-métrage. Il explorera la question du détachement de son propre corps et le processus de distanciation. J’aurai recours à des approches aussi diverses que fiction, documentaire, séquences d’archives.
La perte de contact avec son propre corps signifie également la perte de contrôle et de pouvoir sur certains aspects essentiels de la vie. C’est cette expérience que je m’efforcerai de recréer dans mon film, grâce aux images et au montage.

I.Y. : Je souhaite explorer différentes approches en matière de création générative, en utilisant des réseaux neuronaux et d’autres techniques faisant appel à l’intelligence artificielle. En ce moment, je fais des recherches sur la génération d’images par intelligence artificielle dans une vidéo. Le fait que ces techniques permettent de créer des images complexes et intriquées, difficilement réalisables de manière classique, me fascine particulièrement.

Qu’aimez-vous le plus dans notre école et en quoi cela coïncide-t-il avec votre projet ?

Qu’aimez-vous le plus dans notre école et en quoi cela coïncide-t-il avec votre projet ?

A.K. : Ce que j’admire particulièrement dans cette école, ce sont les gens que j’y rencontre. Je suis en permanence fascinée par le talent et l’implication des étudiant.es avec qui je travaille à l’ENSAD Nancy.
Les enseignant.es et le personnel administratif sont amicaux et attentionnés ; l’école est bien équipée et c’est une chance pour un artiste. Par ailleurs, je ne me lasse pas de la beauté du bâtiment.

I.Y. : Ce qui m’épate le plus à l’ENSAD Nancy, c’est cet environnement dynamique et créatif qui favorise la recherche et l’innovation dans de multiples domaines. Les unités de production de l’école sont assez impressionnantes : cela va des techniques traditionnelles comme la sérigraphie à des technologies de pointe telles que l’impression 3D. Et les équipes qui s’en occupent sont très professionnelles.
L’importance de l’interdisciplinarité est un aspect de l’école qui me plaît beaucoup. L’ENSAD Nancy interagit avec d’autres départements universitaires, parmi lesquels l’informatique. En tant qu’artiste orienté vers la technologie, j’apprécie l’opportunité qui m’est offerte de collaborer avec des personnes expertes dans leur domaine.
J’aimerais aussi souligner l’ambiance chaleureuse et accueillante de l’école. Toutes les personnes rencontrées se sont montrées amicales et encourageantes. Cela contribue à créer un esprit collectif propice à la créativité et à la collaboration. C’est vraiment un endroit à part et je me sens privilégié de pouvoir travailler ici.

En savoir plus sur leur travail artistique :
Alexandra Karelina : https://akarelina.com
Ivan Yakushev : https://www.behance.net/yakushev

Photographies : 
©Paul de Lanzac / ENSAD Nancy

*L’ENSAD Nancy bénéficie du soutien du programme PAUSE, programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil, porté par le Collège de France.