Étudiante en 1re année de master Design à l’ENSAD Nancy, Helena Baesi a mis le cap sur l’Italie pour son 2e semestre : elle s’est spécialisée en céramique à l’Istituto Superiore per le Industrie Artistiche (ISIA) à Faenza, et finance son séjour de 4 mois grâce à une bourse Erasmus+. Malgré les complications liées aux graves inondations qui ont touché sa ville et son école d’accueil en mai 2023, Helena a tenu à partager ce récit d’une expérience académique et humaine unique.
Quels cours suis-tu à l’ISIA Faenza ? Peux-tu nous parler des projets sur lesquels tu travailles ?
J’ai choisi l’ISIA Faenza car cette école est spécialisée en céramique. Son enseignement fait donc pour moi la liaison entre l’artisanat et le design industriel en mettant les matériaux au centre de la recherche et de la conception.
J’ai choisi différents cours. Le 1er est un cours de recherche sur la céramique, entièrement en atelier. J’y fais différentes expérimentations de textures, matières et couleurs.
Un 2e cours sur la céramique consiste à réaliser un projet sur le thème de l’écotone, c’est-à-dire une zone de frontière entre deux écosystèmes ; le milieu choisi est la plage.
Un 3e cours porte sur la frontière entre les milieux sec et humide.
Les projets conçus pendant ces deux cours ont été exposés en avril au Salon du Meuble de Milan, dans le pavillon satellite dédié aux écoles, étudiants et designers de moins de 35 ans. Pour ma part j’ai conçu un objet transitoire pour récolter l’eau de pluie et humidifier la terre, à la manière d’un oya, ce qui permet à l’écosystème de se préserver et de croître, même en période de sécheresse. Le choix et le travail des matériaux ont beaucoup compté car je suis un cours sur les matériaux innovants qui utilisent de nouvelles technologies, écologiques, biosourcées ou encore biodégradables. J’ai par ailleurs réalisé une vidéo de mon objet grâce à l’aide du professeur de vidéo.
Pour mon projet j’ai choisi de travailler sur la porosité de la céramique recouverte d’un biopolymère. Pouvoir participer à l’un des plus grands salons de design en tant qu’étudiante Erasmus+ et en si peu de temps a été une chance incroyable. J’ai appris beaucoup de choses, j’ai travaillé sur des techniques et matériaux que je n’avais jamais utilisés, j’ai rencontré des étudiants et designers d’autres pays comme l’Allemagne, le Japon et la Chine.
Pour compléter mon semestre, je prends un cours d’impression 3D, un cours de photographie et postproduction et un cours sur la mode, les bijoux et le design textile.
Peux-tu nous parler de la vie étudiante et de campus ?
Les étudiants sont très accueillants et n’hésitent pas à aider quand on est en difficulté. J’ai tout de suite senti une simplicité dans le rapport à l’autre, une bonne humeur et une curiosité respective.
J’ai également fait la connaissance d’étudiants Erasmus avec lesquels j’ai tout de suite eu une bonne relation. Le dialogue s’est fait instantanément et, même si j’appréhendais de parler en anglais, car la majorité ne parle pas italien, ça s’est très bien passé. Un vrai lien s’est créé ; c’est toujours très intéressant d’échanger sur nos travaux, nos pays respectifs et les différences entre nos cultures et nos écoles.
Rencontres-tu des difficultés et, si oui, lesquelles ?
Tout d’abord, j’ai eu du mal à trouver un logement à Faenza. C’est une petite ville touristique, alors il y a peu de places et c’est onéreux et compliqué pour une courte période, mais j’ai finalement trouvé un logement touristique plutôt pratique.
Malgré ma connaissance préalable de l’italien, certains cours restent difficiles à comprendre. Mais les professeurs sont très compréhensifs et aidants et parlent presque tous l’anglais. Par ailleurs, le choix des cours est un peu compliqué, car il est difficile d’obtenir les 30 crédits requis sans avoir des journées chargées et des cours qui se chevauchent.
En outre j’ai vécu deux inondations dont une qui a submergé toute la ville et la région en pleine nuit. Bien qu’après la première nous étions tous en alerte à chaque fois qu’il pleuvait, personne n’avait imaginé l’ampleur de cette catastrophe. Sans électricité, ni réseaux, ni nourriture, ça a été assez compliqué et traumatique pendant plusieurs jours. Cependant les secours ont été le plus efficaces possible, tout le monde s’est mobilisé pour sauver, aider et nettoyer la ville. J’ai vu une vraie unité, un soutien et une énergie positive malgré ces jours difficiles que nous avons vécus. Dès le lendemain, l’école a contacté les étudiants et proposé de l’aide, notamment aux Erasmus. Mais elle a dû fermer une vingtaine de jours pour cause d’intempéries, rendant difficile la fin de l’année, notamment pour terminer tous les projets. Par chance elle n’a pas subi trop de dégâts.
Qu’aimerais-tu ajouter sur ton séjour sur place ?
Partir en échange Erasmus est une incroyable et unique expérience. Cela a été l’occasion pour moi de vivre pour la première fois dans le pays de mes parents. Je me suis sentie accueillie et j’ai fait de très belles rencontres. Grâce à cet échange, j’ai pu partir à un moment difficile de ma vie ; changer de pays, d’entourage et de routine m’a beaucoup aidée. J’ai progressé en italien mais aussi beaucoup en anglais. J’ai appris énormément de nouvelles choses et j’ai pu visiter l’Italie. La ville de Faenza est très belle, calme, simple mais il s’y passe beaucoup de choses et l’architecture est très intéressante. C’est une petite ville très fière d’être un des centres de la céramique ; c’est pourquoi son musée dédié à la céramique est un de mes endroits préférés, ainsi que les différents ateliers d’artistes et artisans. Je suis ravie d’avoir pu vivre un semestre dans cette ville et étudier à l’école ISIA Faenza !
